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6 mai - 12 juin 2018 - Traversée de l'Atlantique Nord
Yucatan - Bahamas - Açores
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Les flèches vers la gauche ou la droite
permettent de naviguer d'un récit à l'autre.
L’objectif était de ramener la RozAvel depuis Isla Mujeres (Yucatan / Mexique) vers
les Açores.
Pour cette traversée retour de l’Atlantique Nord, Laurence a cédé sa place à
son frère Cyril.
Nous avons retrouvé la RozAvel dans son trou de mangrove au
bout du lagon de Isla Mujeres le dimanche 6 mai après un vol
Marseille-Cancun.
Bonne nouvelle : aucun habitant indésirable à bord grâce aux hublots bien
fermés et au grillage dans les bouches d’aération.
Rapide remise en ordre de marche et trois caddies pleins au supermarché.
Impossible de quitter le ponton : les deux quilles et l’hélice
disparaissent dans la vase. Nous attendons la marée haute (25 cm seulement) en
préparant des aussières sur les poteaux extérieurs et nous conjuguons nos
efforts sur les gros winchs, puis dès que possible avec le moteur qui creuse et
déplace la vase ; centimètre par centimètre le bateau se dégage de sa
gangue ; les poteaux en bois ont pris une nette gîte mais nous recommençons
à flotter.
Au mouillage dans la baie d’entrée, nous passons une matinée
à des formalités de sortie payantes et... inutiles puisque rien ne nous sera
demandé en arrivant à Santa Maria (l’île
la plus à l’Est des Açores).
Trois fanions sur bâbord : celui du capitaine, celui des Frères de la Côte et celui de la SNSM
Jeudi 10 mai : nous
levons l’ancre et les voiles, au près serré, pour passer entre Cuba et la Floride.
Pas envie de retourner à Cuba et encore moins de nous retrouver dans une prison
américaine pour entrée illégale … Nous préférons tirer 3 grands bords en
traversant le golfe du Mexique et en remontant le long de Key West. La RozAvel, dont la coque est toujours propre, avance
bien (entre 5 et 7 nœuds avec une pointe à près de 10 nœuds). La météo n’est
pas très agréable, mais nous avons le plaisir de faire ici notre seule bonne
pêche de la traversée : une grosse bonite.
Lundi 14 mai à 19h,
nous posons notre pioche en douceur à North
Cat Key dans les Biminis (Bahamas).
Après une nuit calme nous reprenons la route en navigant sur les fonds très
faibles qui séparent toutes les îles des Bahamas et arrivons mercredi à 5h du
matin à Slaughter Harbour, dans un
mouillage qui semble idyllique : petite passe d’entrée entre deux îles,
baie toute ronde fermée au fond par un récif corallien qui affleure toute
juste.
Surprise désagréable au réveil : les deux îles sont complètement
dénaturées par des installations touristiques ; les tracteurs nettoient la
plage où s’alignent les parasols et les chaises longues, les jet-ski passent et
devant la passe on voit un immeuble de 8 étages au mouillage ! Les Américains
ont tout envahi (Miami est toute proche). Avant de nous enfuir nous préférons
nous reposer une grande nuit.
Jeudi 17 mai à 7h du
matin, c’est le grand départ.
Nous nous installons dans la routine avec de longues nuits parfois entrecoupées
par une manœuvre ou par l’alarme AIS.
Au réveil, un peu après le soleil, nous nous installons pour petit-déjeuner
dans le cockpit. Nous avons longuement réussi à utiliser du pain longue
conservation acheté au Mexique, à la fin nous sommes passés aux délicieuses
galettes au sarrazin fabriquées tous les matins par le capitaine.
Ensuite venait la longue séquence communications + météo. Grâce à l’abonnement
illimité sur iridium GO nous pouvions relever tous les fichiers météo et
échanger avec nos proches.
Les fichiers météo répétés, dont la précision dépasse maintenant les 4 jours,
nous ont permis de tracer une route confortable et sûre qu’un néologisme
astucieux (inventeur Robert Mallemont,
mon père, âgé de 100 ans) a qualifié de « météodromie ».
En suivant ces données nous avons commencé une route assez nord (55° vrais) au
près bon plein pour rejoindre une latitude à 150 miles au Nord des Bermudes que nous avons donc contournés
sans les voir. Arrivés à cette latitude nous avons récupéré les vents d’ouest pour
garder une allure portante au-dessus de l’anticyclone des Açores. En nous fiant
aux cartes météo, nous avons par deux fois infléchi notre route vers le Sud
afin d’échapper aux vents trop forts créés par les dépressions qui circulaient
d’Ouest en Est au nord de notre position. Inversement nous avons regagné le
Nord à l’approche des Açores afin d’éviter les calmes du centre de
l’anticyclone.
Au cours de cette traversée nous avons pu mettre le spi à de nombreuses
reprises (jusqu’à ce qu’il explose à 3 jours de l’arrivée).
Par convention nous avons pris l’habitude de démarrer le Yanmar quand la
vitesse tombait au-dessous de 3,5 nœuds. Nous avons fait 225 heures de moteur
au total au cours des 31 jours de traversée. Nous aurions pu éviter le moteur,
mais cela nous a apporté un net gain de confort (et probablement 3 jours de mer
en moins).
Quelques aventures au début, alors que le vent était encore
assez fort et pas encore portant :
- La prise d’un magnifique barracuda que nous
avons dû rejeter à la mer après un mail de Laurence nous confirmant le risque
important de Ciguatera dans cette région.
- Le support de l’éolienne a cassé et cette
dernière est tombée sur un des quatre panneaux solaires en éclatant la vitre.
Dans un premier temps nous avons ceinturé l’éolienne avec des bouts lancés
par-dessus en attendant un jour de temps calme pour tout démonter proprement.
- La fixation du vérin hydraulique de safran s’est
détachée nous privant de gouvernail. Pose de barre franche et réparation rapide
avec les pièces en double à bord.
- Panne de gaz : impossible de dévisser le bouchon de la
bouteille de réserve qui s'est un peu oxydée. Le conseil de l'équipage
s'est réuni et a décidé de ne pas utiliser de disqueuse sur la
bouteille de gaz, c'est donc à la scie à main que nous nous sommes
relayés pour pouvoir ensuite faire la cuisine
- Le support de radar s’est dévissé et nous avons
trouvé en pleine nuit ce dernier se balançant le long du mât. Il a fallu monter
en urgence avec la pince coupante pour éviter que le radôme n’occasionne des
dégâts. De toute façon le radar ne fonctionnait plus, nous ne l’avons pas jeté
en mer mais gardé pour le tri sélectif aux Açores.
Nous avons le plus souvent pris un ris préventif au coucher
du soleil, de façon à n’avoir que l’enrouleur de génois à manœuvrer la nuit.
Quand le vent était trop fort, après la prise du deuxième ris nous préférions
rentrer totalement la voile, surtout durant les derniers jours car la voile
présentait déjà 2 déchirures provoquées par les manilles sur les lazzy jack.
Depuis cet épisode j’en ai fabriqué de nouveaux avec des anneaux Antal et des
épissures sur dynema.
Nous nous sommes alternés en cuisine, utilisant les fruits
et légumes frais autant que possible ; mention spéciale pour les mangues
qui ont très bien tenues et les avocats qui nous ont surpris en restant
délicieux au bout de trois semaines malgré une apparence extérieure de
moisissure.
Le soir beaucoup de pates avec de riches sauces mélangeant tomate, ail, épices
et parmesan ; le midi beaucoup de salades riz + avocat + oignon + thon etc
…
Et toujours les yaourts que nous sommes arrivés à confectionner quel que soit
le temps à partir d’un unique yaourt apporté de France dans les bagages ;
c’est vrai qu’à la fin cela ressemblait plus à du lait caillé … mais cela
faisait toujours un honnête dessert.
Côté boissons, nous avons loupé peu de « couchers de
soleil – apéritif » … Un litre de pastis, un litre de rhum, un litre de
tequila, 6 litres de vin : nous sommes restés raisonnables et c’était bien
bon avec les tartines de pâté ou rillettes (22 boites apportées par Cyril 😊
).
Le dessalinisateur a fonctionné tous les 3 jours nous
permettant de garder toujours les réservoirs pleins. Les panneaux solaires
ayant assuré toute la production énergétique.
Côté occupations, en dehors de l’intendance, Cyril a mis
pendant des heures sa cervelle au travail sur les mots fléchés et nous avons
tous les deux dévoré les livres sur nos liseuses (modèle Kobo étanche).
Nous n’avons croisé qu’une dizaine de porte-containers et
n’avons aperçu aucun voilier.
Quelques bandes de dauphins sont passées nous égailler, un seul souffle de
cétacé mais trop loin.
En revanche en approchant des Açores nous avons été surpris de croiser des
centaines de « méduses à voile » qui défilaient des deux côtés du
bateau. Damien, mon fils biologiste, nous en a donné le nom latin que j‘ai
oublié, le nom poétique « galère portugaise » et précisé que les filaments
pouvaient atteindre 50 m. et causer des brûlures parfois mortelles ☹.
Nous nous étions baignés plusieurs fois derrière le bateau, cela nous a un peu
refroidi …
Oui, le climat agréable nous a incité à utiliser la plage arrière pour toutes
nos ablutions et à nager plusieurs fois à tour de rôle en laissant une aussière
trainer derrière le bateau.
Le 27 mai, après
plusieurs échanges mails avec les différents ports des Açores, nous avons jeté
notre dévolu sur la marina de Vila de
Porto sur la petite île de Santa
Maria, la plus Sud et plus Est des Açores.
Petite marina au pied d’un mignon village et possibilité de tirer le bateau à
terre.
Le dimanche 10 juin à
midi nous étions amarrés au ponton après 3576 miles de traversée à une
moyenne supérieure à 5 nœuds.
Accueil très sympathique par Armando Suares, le maître du
port.
La marina est surmontée par le fort Sao Bras que l’on atteint par une vieille
route pavée très raide, puis la ville qui s’étend autour de la rue principale
avec beaucoup de jolies maisons.
Le restaurant du Clube Nautico est simple, économique et bon. Les sanitaires
sont bien.
Nous avons nettoyé et rangé le bateau, avant de le sortir le mardi en fin
d’après-midi.
Mercredi nous avons embarqué sur le ferry pour Sao Miguel, une nuit à Ponta
Delgada et le vol de retour vers Marseille via Lisbonne.
Au total nous avons pris plaisir à passer ces 37 jours
ensemble sans aucun nuage entre nous, même s’il y en a eu un peu dans le ciel,
à traverser cet océan en bonne entente sur un bateau vaillant, sûr et
confortable.
Le capitaine en redemande encore, l’équipage a décidé de
poursuivre l’aventure sur la RozAvel, mais de manière plus calme en navigant
autour de son port d’attache.
De nouvelles aventures, multiples et variées en perspective
…
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