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Avril 2017 - Santiago de Cuba (deuxième séjour) et la côte Sud
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Carte de notre navigation en cours (2016/2017)
Dimanche 23 avril :
Départ de Giens vers l’aéroport, accompagnés
par Olivier, notre charmant voisin. Escale Orly puis Cubana Airlines qui a affrété
un charter espagnol (en meilleur état que l’avion russe pour rentrer de
Santiago). Départ retardé et arrivée vers 22 heures à Santiago. Premiers soucis
avec les bagages qui sortent les derniers sur le tapis avec certainement une indication
pour les douaniers. Ils nous font repasser le scanner et ouvrir la caverne
d’Ali Baba de pièces pour la RozAvel. Ils concentrent leur attention sur la
seule pièce dans son emballage d’origine : le récepteur AIS (Automatic Identification
System). Impossible de les convaincre de nous laisser emmener cet équipement
essentiel pour nos navigations nocturnes ; ils le mettent sous scellés,
promettant une réponse dans un mois après examen et contrôle!
Arrivée à la Marina de Santiago à 1h30 du matin ! La RozAvel qui nous
attend sagement à quai avec un intérieur assez propre. Le pont, lui, est très
sale et ponctué de tâches jaunes dues aux fumées de la raffinerie dont les deux
cheminées dominent le site (elles sont très visibles sur les photos prises du
Cayo Granma).
Lundi 24 avril :
Christian récupère le génois réparé (de nombreuses petites pièces cousues au
fil noir). C’est bien pour nous, mais ce n’est pas un vrai travail de voilier.
Il faut remettre en place les voiles, installer le taud de soleil, poser le
nouveau support radar et le support pour le sondeur de dépannage sur le tableau
arrière … Pendant ce temps-là, Laurence
brique l’intérieur et les hublots et fait le bilan des réserves alimentaires.
Pedro à qui nous avions confié la bouteille de gaz en février ne l’a toujours
pas remplie, tout occupé dit-il par le mariage de sa fille. Cette fois son
excuse est réelle : nous croisons dans l’après-midi la jeune et très jolie mariée en robe longue
avec son fiancé grec et Pedro dans un magnifique costume avec chapeau et chaussures blanches de trois pieds
de long ! Laurence apprendra plus tard que la mariée a 18 ans et non pas 20 comme elle l’avait dit et
surtout qu’ « elle aime beaucoup l’argent, les belles voitures et les
grandes maisons », dixit son frère aîné qui ne comprend pas qu’elle ne se
contente pas de ce que lui, rapporte au domicile familial avec tout son
« business ». Comprenez ses
innombrables « combinaziones » et
magouilles avec notamment la vente de gazoil détourné (voir plus loin).
Nous n’allons pas en ville pour ce premier jour mais dînons au restaurant de la
Marina (pas terrible). Le décalage horaire et le peu de sommeil des nuits
dernières se font sentir. Pas d’eau une fois de plus à la Marina, heureusement
nos réservoirs sont quasi-pleins.
Mardi 25 avril :
nous attendons pendant plus d’une heure et demie le bus pour le centre de
Santiago! Laurence se fâche : est-il si difficile d’afficher les horaires
des bus et des bateaux-navettes (Lancha), mêmes approximatifs, dans la
Marina ? Nous prenons la Lancha pour
Santiago où nous arrivons en fin d’après-midi. Nous achetons 3 kg de riz dans
un magasin d’Etat, mais tout le reste
est fermé. Avec deux cartes Wi-Fi pré-payées munies de
deux codes achetées à un revendeur dans la rue, nous nous connectons à
Internet.
A force de relancer Pedro Christian arrive à récupérer la
bouteille de gaz remplie et une première livraison de 100 litres de gazoil.
Nouveau problème avec les autorités : impossible de charger de fuel à bord
sans une facture officielle … et celle de Pedro date de la semaine passée !
Il arrive à les convaincre en promettant
d’avoir une facture du jour pour les 200 litres suivants. Son souci étant qu’il
nous revend 0,80 CUC du fuel acheté au
marché noir alors que le prix à la pompe est de 1 CUC.
Tout cela sera résolu le mercredi soir tard par son fils…
Mercredi 26 avril :
nous avions donné rendez-vous au taxi (Chevrolet de 1952) à 11 heures pour
filer à l’aéroport réclamer notre AIS et nous emmener faire le ravitaillement
en ville. A l’aéroport nous tombons à nouveau sur la douanière revêche qui
refuse le document explicatif préparé par le maître de la Marina. Après
deux heures d’attente ( !) un de ses adjoints nous demande de
passer en ville au ministère des communications. Christian, à force d’attendre et d’insister, obtient un
papier …spécifiant que l’AIS ne les concerne pas ; ils lui conseillent d’aller à la douane
maritime ; encore près de deux heures d’attente pour obtenir un papier
nous disant de régler cela… à l’aéroport …Retour à la case-départ !!
Laurence a rempli un caddy de denrées indigestes (mais c’est tout ce que l’on
trouve dans les magasins d’Etat) que nous transvasons dans le coffre et retour au
bateau…
Norberto, notre copain de la Marina, excédé par « la bêtise des douanes cubaines » se dépense au téléphone pour tenter
de résoudre notre problème ; mais en fin de compte il n’arrive qu’à obtenir
un rendez-vous avec le transitaire chargé de renvoyer notre colis en France.
Christian transvase les 200 litres de
fuel dans le réservoir bâbord puis va dormir.
Laurence, elle, reste éveillée pour assister à une scène digne de « Tintin
au Congo » !
Le fils de Pedro, caïd mafieux de 28 ans,
supervise la
livraison de… 1500 litres pour un
yacht à moteur de 21 mètres, sous le nez des militaires dont il a acheté le silence. Une grille entre la Marina et le
jardin de l’hôtel attenant a été
décadenassée et un énorme camion est tapi dans le noir sans pour autant pouvoir
aller jusqu’au quai. Pendant deux heures, Laurence assiste à des allers et venues avec des bidons et recueille les confidences du petit
caïd au bermuda de marque et au torse nu : il est si fier de ses «
coups » qu’il en oublie toute prudence. Il force sur le rhum et la
cigarette et a des billets plein les
poches. Qu’en fait-il ? Il a acheté une voiture qu’il loue à son père pour
ses propres trafics (un « petit bras » par rapport à lui), s’offre sans cesse des soirées arrosées et des
filles…
Jeudi 27 avril :
c’est à 7h45 que Christian a rendez-vous avec un nouveau taxi (« officiel »
cette fois) pour un aller-retour à l’aéroport. Objectif : remplir les
documents pour le renvoi de notre AIS en France, à notre grand dam.
La salle d’attente se remplit … Les Cubains ne sont pas surpris d’attendre des
heures pour un papier. Christian parvient à voir le responsable et lui expose
notre cas. Ce dernier multiplie les allers-retours vers les bureaux
de la douane. Finalement il demande si
nous sommes prêts à payer 80 CUC
pour obtenir notre colis ;
Christian accepte de mauvaise grâce.
L’histoire ne s’arrête pas là : Christian et le douanier partent dans le
taxi que nous payons vers un bureau des douanes du port commercial de l’autre
côté de Santiago. Durant près de deux heures Christian attend son retour
à l’ombre d’un acacia ; il revient avec un papier et un autre douanier pour repartir à l’aéroport. Nouvelle attente
au cours de laquelle la douanière revêche arrive accompagnée par un chauffeur,
probablement pour contresigner des papiers. Cette fois nous repartons tous vers
la Marina, le douanier emportant avec lui le précieux paquet non pas dans notre
taxi mais dans un minibus des douanes. Le douanier s’installe dans un bureau de
la douane de la Marina, fait constater que les scellés n’ont pas été touchés,
puis après moultes signatures le précieux colis est ENFIN récupéré !
Christian, qui a été d’une patience d’ange, est épuisé nerveusement. Laurence
congédie le taxi qui réclame 5 CUC de plus que les 40 que Christian lui a déjà donnés. A
savoir : 40 CUC = deux mois de salaire d’un jeune ingénieur à Cuba.
Bilan : 14 heures d’attente et 145
CUC de dépensés pour récupérer ce précieux appareil de navigation qui mettait
probablement en péril la sécurité de l’Etat cubain.
Vendredi 28 avril :
levés à 5 heures du matin nous récupérons notre « despacho » (
laisser-passer de navigation) et larguons les amarres pour de nouvelles
aventures.
Ciao Santiago, on t’a bien aimé, mais ça suffit. Sortie de nuit par la passe de Santiago. Route de l’ouest, le long de la côte. Hautes
montagnes verdoyantes et pas âme qui vive.
Impressionnante arrivée dans la petite anse de Chivirico qui est
complètement fermée par un récif corallien, ne laissant qu’un passage étroit
tout près de la grève.
Balade à terre, le petit village borde la route côtière
« Granma » ; un hôtel est situé sur le piton qui ferme la baie,
nous le visitons et profitons de l’accès Wi-Fi. Retour de nuit en traversant la
salle de spectacle en plein air qui est située sur la berge le long de notre
mouillage et nous inonde de décibels avec les rythmes internationaux sans
saveur.
Samedi 29 avril :
nous repassons la minuscule passe de Chivirico
en utilisant la trace de l’entrée afin
de garantir le passage à nos deux quilles. Cap toujours à l’ouest. Le vent est très faible, moteur quasi obligatoire.
L’arrivée à Marea del Portillo est facile et nous jetons
l’ancre à une centaine de mètres de l’appontement des petites barques de pêche.
Nous descendons à terre et finissons la soirée dans un petit restaurant qui
nous propose un énorme plat de langoustes pour 7 CUC ; nous avons suivi
les conseils de la table voisine occupée par 4 agriculteurs Québécois qui
viennent à Cuba pour la trentième fois ! Gentils mais un peu bruyants. Un
vol direct les amène de Toronto dans les provinces cubaines pour une semaine de
vacances au soleil. Ils apprécient les
hôtels de luxe, la nourriture bon marché, les plages de sable blanc … nous ne
sommes pas du même monde.
Dimanche 30 avril :
courte navigation prévue aujourd’hui entre Marea del Portillo et Cabo Cruz. En fait elle durera une journée entière car le vent
manque.
Les autorités sont venues à bord pendant que Laurence était à terre pour
échanger un régime de bananes et des oignons contre du bout et du fil de pêche très solide introuvable à
Cuba, de la pâte à pain et de la farine contre des sourires !
Nous hissons les voiles et passons devant l’hôtel où les Canadiens doivent nous
regarder avec envie ! Navigation tranquille avec le génois tangonné.
Cabo Cruz est un site superbe.
Lundi 1° mai : la
barque avec l’officiel nous ramenant notre « dispacho » n’étant
arrivée qu’à 8h30, il est trop tard pour un départ à l’aube ; nous
décidons donc de repousser au soir pour une traversée de nuit et partons donc à
terre à la rame car le HB ne veut pas tourner. Sur notre route nous passons
auprès du sloop français. C’est un VIA 42 en aluminium qui abrite une famille
franco-russe avec deux petits enfants. Ils ont acheté ce bateau sur le Rio
Dulce et nomadisent en direction de Trinidad et Tobago pour s’y abriter du
risque cyclonique.
Second arrêt au catamaran "Marquises" que nous avions vu à Santiago.
Nous leur procurons une copie de notre guide sur Cuba. Après un petit café à
leur bord nous les laissons lever l’ancre vers Niquiero et nous nous promenons
dans le village de Cabo Cruz où nous retrouvons la famille franco-russe.
De retour à la RozAvel, Laurence
se laisse attendrir par un jeune plongeur et échange une langouste contre
quelques mètres de fil de pêche. Nous la préparons pour le dîner que nous
dégustons avant de prendre la mer avec un fort vent qui nous pousse. La nuit
s’annonce rapide et calme et je n’établis que le génois ; hélas le vent
commence à tomber et je me décide à lever la grand-voile malgré les orages qui
éclatent au loin. Le ciel est en permanence zébré d’immenses éclairs qui
restent entre les nuages, mais au bout
de quelques temps le grain nous rattrape et il faut batailler pour réduire la
voilure. Hélas tout finit par le moteur
car le vent s’est éclipsé.
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