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Janvier et Février 2017 - Cuba (premier séjour)

Les flèches vers la gauche ou la droite permettent de naviguer d'un récit à l'autre.

Carte de notre navigation en cours (2016/2017)


Santiago de Cuba fut fondée en 1514 par Diego Velázquez de Cuéllar.

Même si Baracoa fut la toute première ville construite par les Conquistadores, Santiago se situa très vite au premier rang des villes des Caraïbes grâce à sa situation géographique et à son port abrité. Elle fut brièvement la capitale de l’île, avant de se trouver supplantée par La Havane en 1607.

Négligée par la couronne espagnole pendant le XVIIè siècle, elle survécut grâce au commerce de contrebande entretenu avec d’autres îles voisines telles la Jamaïque et Saint-Domingue. Ses habitants enrichis par le biais de l'échange d'or, d'argent, de rhum et de viande boucanée, se sentirent toujours menacés par les pirates et les corsaires. Ayant enfin réalisé l'importance géographique et économique de la ville, le gouvernement espagnol y fit dresser une première forteresse entre 1637 et 1638 : le château de San Pedro de la Roca  plus connu sous le nom de Castillo del Morro, qui servit de prison lors de la dernière guerre d’indépendance contre l'Espagne..

En 1804, les colons français chassés de  Haïti lorsque l’île prit son indépendance débarquèrent dans ce port de Cuba. Ils introduisirent la culture du café et s’installèrent dans des quartiers spécifiques dont le plus fameux s'appelait « Tivoli ».

En 1898, la ville fut le théâtre de la bataille de Santiago de Cuba, opération décisive dans la guerre hispano-américaine, qui mena Cuba vers son indépendance.

Santiago a subi une série de tremblements de terre dont celui de 1932 qui a détruit une partie du centre-ville, et a sérieusement endommagé une des deux tours de la cathédrale.

C'est aussi à Santiago que Fidel Castro lança son attaque manquée sur la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, entraînant un groupe de 125 jeunes combattants, dont son frère Raúl, qui ont pour la plupart trouvé la mort le jour même, après avoir été torturés et éventuellement assassinés.
Cet assaut reste toujours controversé :  Castro a exposé la vie de très jeunes gens, la plupart mal entraînés, méconnaissant Santiago et ses alentours vu qu'ils venaient en grande partie de La Havane et l’Ouest de Cuba. La nouvelle de l’attaque se répandit rapidement dans Cuba et la répression générale ne se fit pas attendre. Mais l’événement projeta Castro, avocat de profession, au premier plan : au cours de son procès, il prononça sa célèbre plaidoirie entrée dans l'histoire de Cuba sous le nom de « L'Histoire m’acquittera ».

Je voulais voir ce lieu mythique assez éloigné du centre, au nord de la Place de Marque  et nous y sommes allés avec Eloïse au retour de Baracoa.  Cette caserne, aux murs jaune moutarde, est transformée en école et musée et a un aspect maintenant bien paisible.

Mais nous n’irons pas à la belle basilique de Notre Dame d’El Cobra  située à 20 kms de Santiago malgré la superbe photo illustrant le guide Lonely Planet.

Le mercredi 25 janvier vers 9 heures du matin nous franchissons la passe d’entrée de Santiago de Cuba à la voile et sous le soleil.
La ville est située tout au fond d’une immense baie sinueuse ; l’entrée découpée dans la falaise est protégée par El Castillo de Morro, magnifique fortification espagnole.

 

La marina de Punta Gorda est visible quasiment dès l’entrée. Nous approchons du quai mais des officiels se précipitent, nous reprochent de ne pas écouter la VHF et nous repoussent nous intimant l’ordre d’aller jeter l’ancre et d’attendre !
Une heure plus tard nous voyons arriver sur une barge un douanier qui prend nos papiers en ayant soin de ne pas nous approcher. Une jeune femme en blouse blanche maquillée et manucurée monte à bord. Tout s’explique, il s’agit de la visite des services sanitaires ; elle nous interroge, nous fait remplir un questionnaire détaillé, vérifie notre température et inspecte tous les vivres et les sanitaires du bateau. Elle n’avait pas l’air inquiète mais respecte un règlement tatillon qui semble dater des épidémies des siècles passés. A la fin elle nous autorise à baisser le pavillon Q (le pavillon jaune indiquant que nous sommes en attente de contrôle), nous réclame « un petit cadeau »  et nous embrasse sur les deux joues ostensiblement…Bêtement, ayant lu dans le guide nautique de Franck Valentino que la visite médicale « coûtait » 5 CUC, nous lui avons donné 5 euros. Je ne comprends qu’après et le regrette amèrement… pour le principe. Elle jouera le même petit sketch sur tous les bateaux. A nos amis voileux : ne pas tomber dans le piège !!
Suivent les formalités classiques, puis la montée à bord d’un chien à la recherche de drogue et enfin la mise sous scellés des fusées de détresse ! Le skipper d’un autre voilier français qui possédait un coupe-haubans à cartouche se le verra confisqué …
Nous voici autorisés à mettre pied à terre, et même à sortir de l’enceinte de cette marina « internationale ». En revanche, sauf pour motif professionnel, les Cubains sont interdits de séjour  à la marina.

Il est trop tard pour nous rendre en ville qui est à une dizaine de kilomètres de la Marina (pour les différents moyens de  faire le trajet  > voir les « bons plans de Cuba »).
Ayant croisé sur le quai Embassy V, un voilier venant… du Club Nautique de la Marine de Toulon, nous sommes conviés pour un apéritif qui se prolongera par un sympathique plat de spaghettis. A son bord : le skipper-propriétaire Alain Courau – un très bon ami de Hubert Pinon, président du Club nautique de la marine et habitant dans la même résidence que la mère de Laurence, et trois jeunes équipiers recrutés via internet.
Un SMS d’Eloïse nous dit qu’elle est arrivée (la veille) sans difficultés de Paris. En quelques heures elle a déjà bien apprivoisé Santiago…

Le lendemain – jeudi 26 janvier -  nous empruntons une navette "loncha" puis un bus local construit sur une base de camion


et allons chercher Eloïse dans sa « casa particular » située dans le quartier Tivoli,  le quartier dit « français », dans le bas de Santiago pas très loin des  docks. Elle est rayonnante.

Nous passerons trois jours et trois soirs à arpenter et à visiter la ville, avec ou sans Eloïse suivant les moments. Les trois places principales : Parque Cespedes (la place de la cathédrale, toujours animée), la Plaza de Dolores et la Plaza de Marque alignées sur un axe Ouest>Est, la longue rue piétonne et (trop) commerçante,

la casa della Trova, la maison de la Culture, la casa de Diego Velasquez, superbe avec ses moucharabiehs, le balcon de Velasquez d’où on a une jolie vue sur la ville, la terrasse de l’hôtel « Casa Grande » d’où on a une vue encore plus large et une vue plongeante sur la place de la cathédrale, le musée de la lutte clandestine récemment restauré et très beau de l’extérieur,

 

 la « Claqueta » où d’excellents groupes de musique traditionnelle jouent jusqu’à point d’heure et font tournoyer les couples dans des salsas endiablées. Eloïse en fait partie. Christian et moi resterons spectateurs même si personne n’a un regard critique.


        

Il y a encore souvent à Santiago de Cuba des coupures d'eau et d'électricité. Les hôtels s'organisent en s'équipant de groupe électrogène et en remplissant leurs réserves d'eau à partir de camions citerne ... et les voisins viennent profiter de l'aubaine.

Ces petits soucis ne perturbent pas les hommes qui travaillent beaucoup aux dominos


Une visite au supermarché est assez instructive : de grands rayons vides puis des amoncellement de produits "uniques" ... un choix très maigre et des remplissages au rythme des arrivages aléatoires. Parfois il y a du riz, parfois du lait mais toujours de la bière.


Nous sommes allés faire le tour de "Cayo Grande", charmante petite île dans la baie avec un village de pêcheurs et d'ouvriers qui vons travailler tous les jours à Santiago.

 

pour aller sur l'île nous étions partis avec notre annexe : le responsable des gardes-côtes a convoqué une navette pour courir nous rechercher sur l'île et nous a expliqué gentillement que nous n'avions pas le droit d'y aller avec nos propres moyens mais devions utiliser la navette officielle ! Notre annexe n'a le droit d'accoster qu'au ponton de la "marina internationale" !

Le dimanche 29 janvier, après avoir accompli les formalités, et embarqué officiellement Eloïse, nous partons au moteur vers la pointe Est de Cuba. Pendant qu’Eloïse récupère dans sa couchette de sa nuit de salsa, Christian réfectionne le tableau électrique et Laurence garde un œil dans le cockpit … En fin d’après-midi le vent est toujours absent et nous stoppons le bateau pour une longue partie de nage sur un fond de 2000 mètres, derrière et le long du bateau !

 

Le vent se lève enfin et nous doublons la base américaine de Guantanamo bâbord amure, en nous en éloignant largement comme les instructions nautiques le demandent.
Il faut relancer le moteur pendant la nuit et le vent ne se lèvera vraiment que dans l’après-midi, mais il est juste dans le nez ;  nous devons tirer des bords pour passer la pointe du Capo Mayo. Belle vision de ce phare entouré d’un village de bout du monde, d’un minuscule havre pour les pêcheurs et de cocotiers échevelés ou sans palmes…


Puis nous remontons la côte vers Baracoa où nous entrons à la nuit tombante après 32h de navigation. Pas de balisage et une grosse épave prolonge la falaise sous le fort. Arrivée un peu « tendue ». Nous mouillons – sans sondeur car il a rendu l’âme- dans 2,50m d’eau, vérifiés plus tard avec un fil à plomb ! Alors que nous sommes en train de terminer notre manœuvre, nous sommes abordés par une barque à rames. Deux militaires sautent sur notre pont … Heureusement nos papiers sont bien en règle car ils n’apprécient pas du tout  l’arrivée d’un voilier : « Nous ne sommes pas une marina Internationale » … refrain que nous entendrons souvent.


Baracoa

Le lendemain matin, la montagne-table -El Yunque- est bien là, plein nord, symbole de cette ville qui aurait été la première abordée par Christophe .Colomb …
Pour le reste, vision peu chatoyante et bien loin des descriptions très flatteuses du type « charmant village enfoui dans une végétation tropicale luxuriante ». Ce que nous ignorions : c’est que l’ouragan Matthiew a frappé durement Baracoa et  ses environs en octobre dernier ! Et cela se voit !! Les cocotiers ont été arrachés, sont étêtés ou par terre…

Le lendemain visite de ce grand village qui a déjà pansé en partie ses plaies et remis en place la plupart des toits arrachés. Un Fort au bout de la pointe – Fuerte La Punta – occupé par un hôtel-restaurant, potager « urbain » très soigné accroché sur la berge, jolies maisons coloniales, ruelles tranquilles – Antonio Maceo, José Marti…- charmante place avec son église renfermant la seule croix qui reste des 25 plantées dans les Caraïbes par Christophe Colomb.

Devant la porte de l’église : le buste massif de Hatuey, l’indien révolté contre les Espagnols-envahisseurs et un des héros nationaux comme José Marti, Cespedes etc… .

Visite du musée et du fort qui l’abrite, incursion sur le Malecon, la rue-littoral  . Coup d’œil sur la baie de Miel et sa plage grise bien tristounette…

 

La montée des marches vers l’Hotel jaune-moutarde El Castillo installé lui aussi dans un ancien fort vaut le coût pour sa vue.

La casa de la Trova vient de rouvrir après des travaux. Deux rangées de sièges le long des murs et danse au milieu sous un mauvais éclairage blanc et froid. Il est évident que des danseurs (noirs) sont chargés par la direction du lieu d’inviter les femmes blanches esseulées : c’est si évident que cela nous dérange et nous en partirons déçus. Nous y rencontrons pourtant des Français sympas qui voyagent comme nous dans l’improvisation ; ils viennent de Cannes où ils ont monté une start-up qui aide les patients devant se lancer dans des frais dentaires importants à optimiser le choix de leur mutuelle.

 


Le lendemain : visite du Parc national de Humboldt – du nom d’un scientifique allemand qui a exploré Cuba en 1800 et 1801 - avec l’office de tourisme de Cuba Infotur (c’est bien la première fois mais il n’y a pas d’autre moyen de visiter ce lieu). Traversée de zones dévastées par le cyclone, arrêt à la petite baie idyllique de Ensenada Taco. Nous avons peur que le parc ait été très touché…Pas trop, en fait.

 



Nous avons choisi la randonnée  la plus longue – il y en a trois – et nous ne le regretterons pas : Balcon de Iberia. Après une montée un peu raide, nous randonnons sur un beau sentier situé souvent sur une crête. A droite le parc est assez endommagé, à gauche il a été protégé, par les sommets environnants, des vents violents du cyclone. Nous marcherons 5 heures avec un arrêt au bord d’une rivière pour grignoter notre  pique-nique et de petits arrêts près de cahuttes vendant trois bricoles. Une seule nous a enthousiasmés : c’est celle tout en bois et  branchages où un vieil homme avait préparé une délicieuse boisson aux épices.


Notre guide – Bernie - s’exprime en anglais et s’arrête régulièrement pour nous donner le nom et des plantes des arbres les plus remarquables. Dont des palmiers avec un tronc hérissé d’énormes épines…Avec son smartphone qui diffuse un cri bien spécifique il attire l’oiseau emblème du pays : un oiseau de la taille d’un gros moineau et très coloré. Nous en verrons 3. En revanche nous ne verrons pas la grenouille d’un cm de long découverte en 1996 et qui ne vit que dans ce parc.


A la fin de la balade nous traversons plusieurs fois la rivière dans une charrette tirée par un bœuf qui obéit au doigt et à l’œil à son jeune maître.


Sur la route du retour arrêt sur la grande plage de sable clair – Playa Barigua - qui a dû être superbe avant le cyclone.


Christian : Histoire de fuel… J’avais demandé du fuel au capitaine de port. Ce dernier m’a proposé une livraison de 200 litres pour 200 CUC soit 1 CUC le litre mais me demande d’accoster après 17 heures pour l’effectuer.
Une fois sur ce quai réservé aux navires de commerce nous avons vu débouler une vieille jeep avec 3 gros fûts. Ils les posent sur le quai puis repartent sur les chapeaux de roues. Le capitaine du port, qui était en civil, nous demande de quitter le quai immédiatement pour aller faire le transvasement au mouillage. Tout cela laissait à penser que la transaction était douteuse … Quand j’ai ramené les futs vides, le capitaine ne voulut pas accepter de prendre l’argent, exigeant que j’aille le porter moi-même au chauffeur … Mais j’étais pieds nus et il a fini par prendre l’enveloppe tout en demandant 50 CUC supplémentaires pour le prix du transport. J’ai fermement refusé et il n’en a plus été question après, mais j’ai fini par trouver le prix officiel du fuel à la station-service : 0,58 CUC le litre…

 Troisième jour à Baracoa : je trouve un taxi vers 12h qui nous emmène - Eloïse, Christian et moi- vers l’Est cette fois. On saute la visite de la chocolaterie et faisons un long arrêt sur la Playa Manglito…sable clair, palmiers et, au, loin le récif. Plage qui est plus jolie et plus proche que la Playa Barigua. Eloïse était en demande de plage et de baignade ce qui se comprend bien. Cette plage, petite, est assez charmante et peu connue des touristes. Un restaurant en bois, les pieds dans le sable : nous y faisons honneur.

A 15h nous repartons vers la Boca de Yumuri. Une rivière qui se jette dans la mer après s’être faufilée dans des gorges boisées que nous avions repérées en passant au large avec la RozAvel. Barque obligatoire et payante. On nous laisse sur un banc de sable. Nous remonterons les gorges à pied tous les 3. Il est un peu tard et nous sommes seuls. Bain dans les eaux très boueuses mais…douces. Retour de nuit à Baracoa.


Vendredi 3 février, dès 7 heures du matin, Christian conduit Eloïse à terre pour qu’elle parte, sac à dos, en taxi collectif en direction de Holguin … Mais le capitaine du port l’a bien vue… Il a donc fallu mettre en route toute la procédure officielle d’un « désenrollement » d’un membre d’équipage, impliquant de nombreux papiers et la queue à la banque pour acheter 2 timbres fiscaux de 5 CUC ! Nous avons tout fait dans les règles et avons pu partir « légalement » !


Entre temps Christian a dû plonger dans le port pour extraire notre mouillage arrière qui avait permis des nuits sans rouler, mais qui était bien embourbé dans le fond : les ancres Spade sont vraiment d’excellente tenue dans le sable, la boue, la vase.
Avant de quitter la baie nous sommes allés discuter à bord du voilier Canadien qui venait d’arriver. Un couple d’une cinquantaine d’années– elle Allemande de l’Est et lui canadien – qui navigue depuis 12 ans ! Nous échangeons longuement en anglais. 

Retour vers Santiago de Cuba. Partis sous voiles à 15 heures, nous avons préféré nous replier avant la nuit dans la magnifique baie Ensenada Mata où nous avons mouillé un peu à l’Est du chenal par des fonds inférieurs à 3 mètres. Joli coucher de soleil et dîner au calme. Nous nous couchons tôt mais sommes brutalement réveillés à 22 heures par les appels et les bruits de bottes : encore 2 uniformes sur le pont, dont le capitaine de Baracoa qui est venu en taxi de nuit pour nous contrôler et nous reprocher cet arrêt … Il ne semble pas bien informé de la nouvelle réglementation cubaine qui nous autorise à mouiller en dehors des marinas.


Samedi 4 février à 8 heures nous ressortons de la baie et montons face au vent au moteur avant de pouvoir partir au près serré pour doubler le Capo Mayo et là le vent devient de plus en plus favorable, jusqu’à nous faire mettre les voiles en ciseaux, manœuvre très facile grâce au tangon en carbone. Un peu plus tard une fausse manœuvre décroche le tangon et le précipite à la mer, mais il est tellement léger que c’est un jeu d’enfant de le récupérer.


Il nous faudra empanner plusieurs fois pendant la nuit pour respecter une trajectoire nous écartant à plus de 6 nautiques de la base américaine de Guantanamo (« territoire occupé illégalement » comme le précisent les cartes cubaines). Ces manœuvres ont fini par coincer l’enrouleur et il a fallu batailler de nuit avec le projecteur de pont pour tout démêler.

Dimanche 5 février nous continuons notre route sous voiles pour ne les rentrer qu’à 17h50 une  fois entrés dans la passe de Santiago.



Lundi et mardi, en dehors d’un petit tour à Santiago où nous retrouvons Eloïse très satisfaite de sa balade à Holguin et au village de Gibera,

Un passage presque obligatoire devant un lieu historique : la caserne de la Moncada (dont l'attaque échouée a été le premier acte militaire de Fidel Castro).

 


Nous préparons la RozAvel à passer quelque temps sans nous : tout est démonté et rentré. Eloïse passe sa dernière matinée à Cuba sur le voilier et je l’accompagne en taxi à l’aéroport. Elle s’envole pour Paris via La Havane. Mais impossible pour nous de trouver des places disponibles dans l’avion local Santiago / La Havane.
Le lendemain nous décidons donc de rejoindre La Havane par étapes en…bus

.

 

Nous irons à la gare routière en taxi pour tenter de trouver une place dans un bus Viazul. Et c’est parti pour Camagüey. 5h de route théoriquement, 11h en réalité, le bus ayant éclaté une durite de refroidissement. Des heures passées assis sur le bord de la route à attendre qu’un passager répare. Et pas un mot d’explication ou d’excuse de la part du chauffeur et de l’accompagnateur !

Arrivée à …23h30  à Camagüey. Un propriétaire de « casa particular » (« Alba Ferraz » 106 rue Ramon Guerrero) est là. Nous nous enfilons dans un taxi avec lui. Beaux éclairages de la ville. Sa mère en chemise de nuit nous accueille. Joli patio où nous prendrons un petit-déjeuner avec un couple de Français sympas que nous croiserons dans les ruelles et retrouverons le soir autour d’un repas (décevant) chez « Alba Ferraz » avant d’aller ensemble écouter un orchestre de salsa tout en dégustant un verre de rhum local.



Camagüey est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. Petite ville de province, avec quelques jolies églises, une grande rue piétonne et trop commerciale à notre goût (calle Republica) et, à l’ouest de cette  rue, deux  toute petites places superbes, tranquilles tôt le matin ou en fin d’après-midi et… sans voiture :


     

  - Plaza del Carmen, avec son élégante église, ses statues de bronze grandeur nature (le groupe des « Causeuses » ou un titre approchant me font penser au trio sculpté par Camille Claudel), oeuvre de Martha Jimenez Perez, artiste cubaine dont on peut visiter l’Atelier installé sur cette place-même ;

- Plaza San Juan de Dios aux bâtiments colorés et rénovés, très charmante. Une belle église blanche et verte.
Il y aussi la Parque Ignacio Agramonte (un héros local de la guerre d’indépendance contre les Espagnols), beaucoup moins calme que les deux places précédentes,  dominée par la cathédrale Nuestra Senora de la Candelaria (nous sommes montés dans son clocher et avons eu une belle vue sur toute la ville). Sur cette place, petite pause dans un beau café  Café Ciudad » -  avec de grandes « fresques » sur les murs, un plafond haut tout en bois et un patio !

     


 

Beaucoup de marche à pied mais aussi un grand tour à bord d’un taxi-bicyclette (bici-taxi, l’équivalent des cyclo-pousse) qui voudra absolument nous emmener dans le poumon vert de la ville, une sorte de parc en dehors du centre et sans intérêt.
Deuxième nuit à Camagüey, dans une autre « Casa particular », la première n’ayant pas de place…Ce couple s’est lancé dans cette activité dès 1998 et vit bien, visiblement. Mais peste contre les politiques et l’Etat qui lui prend plus de 50% de taxes sur ses loyers. « Il n’y a que les politiques et les « gradés » qui peuvent s’offrir une voiture ».

Départ vers La Havane. Comment ? Bus Viazul ou taxi ? Après moultes discussions et marchandages et après avoir laissé partir le bus, nous prenons un taxi-voiture moderne et confortable. 650 kms en taxi pour tous les deux…La panne du bus hier nous a poussés à choisir cette option. Les kilomètres défilent : Orlando notre chauffeur nous arrête à un boui-boui avec cuisine au feu de bois sur le bord de l’autoroute… Bon et copieux. Les quelques tables sont occupées uniquement par des Cubains. Bon signe. Je prends une photo qui…nous sera d’une grande utilité plus tard. Regardez ci-dessous : on distingue la plaque d'immatriculation de la voiture blanche, notre"taxi".
Il est 18h, arrivée à La Havane.


La casa particular retenue le matin par nos hôtes de Camagüey ne répond pas à mes coups de sonnette répétés. Tant mieux ! Nous aboutirons quelques rues plus loin dans un lieu atypique et très contemporain, une belle réhabilitation de 4 appartements réunis en un seul, démarrée il y a 18 mois par 4 jeunes ingénieurs audacieux… « Animas 303 » (en fait nom et adresse du lieu : astucieux !). Huit mètres de hauteur sous plafond, briques peintes en blanc, deux séries de chambres donnant sur une coursive, des salles de bains au look très moderne. Six chambres sont terminées, six autres sont en travaux. Bientôt une salle à manger en rotonde pour les « desayunos » (petit-déjeuner), une terrasse sur les toits avec un petit bar, et une salle de massage. Ils sont sur Airbnb, sont financés par un « ami » canadien qui a fait fortune. Ils ont eux-mêmes mis la main à la pâte pour les travaux et parviennent déjà à rembourser leur emprunt auprès du canadien et à se payer. Auparavant, tous sortis de la même école, ils gagnaient chacun 21 CUC par mois ! Détail amusant : l’investisseur canadien qui vient presque tous les mois suivre de près le projet apporte chaque fois dans ses valises des lampes, couettes, linge de bain etc…signés…Ikéa.
 Je suis impressionnée par la beauté du lieu et surtout par leur détermination…


Dans la chambre, Christian veut se servir de son ordinateur et réalise qu’il l’a « oublié » avec la tablette... recouverts volontairement par le chauffeur dans le coffre du taxi. Police, photo de la plaque d’immatriculation que j’avais prise au restaurant de l’autoroute, agence de location (cette voiture-taxi était louée comme souvent, on le découvre à cette occasion), enquête de l’agence et le lendemain soir un vrai taxi nous rapporte le tout contre des sous. Tout se termine bien !


Nous resterons trois jours à La Havane, notre avion de Aviaçon de Cuba ayant… deux jours de retard. Notre logement est à Habana Centro, à l’Ouest du « centre historique » - La Habana Vieja – facilement accessible à pied. Nous ferons néanmoins des kilomètres à arpenter dans tous les sens le centre patrimonial… Une architecture éclectique et superbe ! Du baroque colonial-espagnolisant, de l’art déco, de l’art nouveau… Des bâtiments magnifiquement restaurés et d’autres…en attente de l’être. Quelques-uns font vraiment penser à du Gaudi.  La tête en l’air, le regard qui s’égare dans des patios, on se régale. Certains « palais » délabrés sont visiblement occupés par des familles qui y « campent » avec les moyens du bord. Je rentre dans l’un d’eux particulièrement « destroyed » (plusieurs balcons de sa belle façade pendouillent). Suite à mes questions la femme m’explique : « Ici l’organisme chargé de la rénovation – Officina del Historiador – n’est jamais venu. On nous laisse tomber ».


Les quatre places d’Habana Viaja sont belles – Plaza de la Cathedral (la Cathedral de San Cristobal),

 

 Plaza de  Armas (Palacio de los Capitanes Generales, ancien siège du gouvernement colonial espagnol),


Plaza de San Francisco et Plaza Vieja


- mais nous avons un faible pour la première, celle de la cathédrale, de taille moyenne, très homogène et  totalement piétonne, extraordinaire. La cathédrale elle-même est somptueuse et les bâtiments sur les trois autres côtés de la place avec leurs colonnades et leurs arcades sont remarquables Et la nuit, grâce aux éclairages chaleureux, …c’est magique.
Juste avant d’arriver à la place de la Cathédrale en venant de l’Ouest, dans la Calle Empredrado,  il y a la fameuse « Bodeguita del Medio » qui ne désemplit pas : un « café » branché qui doit sa renommée au fait qu’il a été fréquenté par Hemingway dans les années 30/40.



Globalement, beaucoup plus de touristes qu’à Santiago (dont des groupes d’Américains) et moins de musique qui s’échappe des lieux.
Orientée nord-ouest/Sud-Est la rue Mercaderes est piétonne mais… bondée de touristes ! Dès qu'on s'éloigne du coeur d'Habana Vieja, l'ambiance est beaucoup plus...cubaine.

Le culte de la "Revolution" et de Fidel Castro est très présent partout à Cuba. On ne compte pas les musées célébrant tout cela; ci-dessous vous verrez le musée de la Révolution devant lequel trône le le char depuis lequel Fidel a repoussé l'attaque de la baie des cochons, puis une photo retrouvée au musée des télécommunications où l'on voit Fidel en compagnie de tous les grands de ce monde !

Les Soviétiques sont partis, les Américains pas encore présents, mais les Chinois se sont installés, sont - paraît-il- en partie repartis mais ont construit  un porche d'entrée dans leur quartier.

Mais le plus remarquable à la Havane ce sont toutes ses façades aux styles architecturaux si variés :

                 

La Havane vit, et pas seulement pour les touristes...

Nous sommes même arrivés par hasard dans la cour d'un immeuble délabré où une jeune troupe de théâtre répétait un spectacle qui nous a fascinés!



Il est vrai que tout un pan d'activité est basé sur le tourisme, dont les vieilles américaines-taxis sont le symbole le plus connu. Les Américains en raffolent...





                   

               

Dans la calle Obispo, deux points forts : la plus vieille maison de la Havane et la casa del Agua où on vous offre de l’eau de source…délicieuse.

Au sud-Ouest de la Habana Vieja, au bout de l’axe de circulation Paseo de Marti (appelé par tous les Habanais le Prado)  qui sépare Habana Vieja de Habana Centro, il y a le Capitolio avec son dôme achevé en 1929 et le gigantesque théâtre. Par rapport aux quartiers de la Habana Vieja, rupture de style (architecture classique), rupture d’échelle (le bâtiment du  Capitolio mesure 200m de long, le Gran teatro a des dimensions imposantes), rupture de couleur (murs blancs). Le tout donnant sur une grande place bruyante, lieu de croisement de grandes avenues. Malgré ses quelques palmiers royaux et ses bancs, aucune envie de s’y poser !


Un autre quartier près de Habana Vieja, le seul un peu jeune et qui bouge après 22h : la rue Brasil qui part du Parque Cristo avec notamment  le petit restaurant-café El Dandy.


Et toujours des forteresses : le Castillo de la Real Fuerza avec ses canons, ses murailles épaisses et ses douves.

Et, de l’autre côté de la Baia de la Habana – n’oublions pas que La Havane est au bord de la mer – la Fortaleza de San Carlos de la Cabana où nous n’irons pas car c’est un peu compliqué de la rejoindre. S’y déroule pourtant en ce moment l’énorme Foire du Livre de Cuba avec les canadiens comme invités d’honneur…

Mais aussi un magnifique petit fort toujours occupé par la garde nationale.


Mardi 14 février 2017, 16h30. Il est temps de se rendre en taxi à l’aéroport. Nouvelle péripétie : au guichet ils ne trouvent pas nos billets et nous devrons en racheter à prix fort et …en payant en liquide. Explication une fois revenus en France : un bug du système informatique d’Air Caraïbes – partenaire d’Aviaçon de Cuba – a fait échouer notre paiement en ligne effectué à Santiago ! Petit surclassement pour compenser : nous avons toute la place et pouvons- nous étendre et dormir !


Bilan de ces quelques jours à Cuba : une terre de contrastes .

  • La première chose marquante est la coexistence des 2 monnaies : le CUC est convertible (et équivaut à un euro), c'est la monnaie des touristes et des achats de produits d'importation, le Peso "monnaie nationale" est utilisé pour tous les achats de base des Cubains. Un CUC vaut 25 pesos. Le prix du bus local est d'un peso pour un Cubain et d'un CUC pour un étranger, le café dans la rue coûte 1 peso, il est à 1 CUC sur la terrasse d'un hôtel, dans certains restaurants nous avons trouvé deux cartes, l'une en pesos, l'autre en CUC (pour un prix multiplié par 7).
  • Contrastes au niveau des voitures : tout le monde connaît les vieilles américaines (leplus souvent rutilantes), mais l'essentiel des taxis utilisent de vieilles Lada ou Moskova datant de plus de 35 ans et rafistolées avec des bouts de fil de fer et beaucoup d'ingéniosité.
    Mais il y a aussi de nombreuses voitures neuves, quelques européennes mais surtout des chinoises. Ces voitures sont tellement chères à l'achat qu'elles appartiennent presques toutes à une entreprise (d'Etat bien sûr) qui les loue aux particuliers.
  • Contrastes entre la liberté que nous avons ressentie en nous baladant sur la terre ferme et la surveillance extrême quand nous étions sur l'eau; ils ont adopté le tourisme (pompe à fric), mais ne sont pas encore prêts pour le nautisme :-(
  • Contrastes entre les salaires des ingénieurs (équivalent à 21 euros par mois), des médecins (21 euros par mois en début de carrière et 60 à la fin), et ce que peuvent gagner ceux qui travaillent avec les touristes (un chauffeur de taxi demande facilement 10 CUC, une chambre chez l'habitant se loue entre 20 et 30 CUC).
    Résultat : les ingénieurs et les médecins préfèrent conduire des taxis ou louer des chambres de leur maison ... Et l'industrie a l'air de péricliter.
  • Contrastes entre ces revenus bas et les services sociaux qui sont très hauts : tout le monde semble avoir un logement, tous les soins médicaux sont gratuits (y compris prothèses dentaires ou lunettes), l'éducation est de qualité, généralisée et gratuite.
    Les tickets de rationnement existent toujours et donnent droit, dans des boutiques spéciales, à des distributions gratuites de nourriture au poids (viande, farine, riz, paix etc ...). Nous avons vu en nous promenant le soir dans les rues de Santiago des distributions de miches de pain dans toutes les maisons à raison d'une boule par habitant.
  • Contrastes dans les paroles des Cubains qui se plaignent souvent de la politique, mais, tout en mettant en avant ses erreurs, ils vénèrent toujours Fidel qui leur a donné la nourriture, la santé et l'éducation.



Orly, Hyères…France, famille et amis : nous revoilà après près de trois mois d’absence. Heureux de vous retrouver.