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Janvier 2017. Ile à Vache (Haïti)

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Carte de notre navigation en cours (2016/2017)

Quatre jours et quatre nuits de navigation de Salinas (Puerto Rico) jusqu’à l’île à Vache, havre de paix haïtien au sud de cette grande île qu’est Haïti. Se succèdent des moments de calme et des sorties de spi. Trop souvent le ronron du moteur reprend sa place.
Mettant provisoirement fin à nos tentatives de pêche à la traîne, de grosses dents ont emporté notre dernier leurre en sectionnant le câble inox et en laissant même de grosses empreintes dans le plomb !
Nous apercevons au loin sur tribord les montagnes de Saint Domingue où nous n’avons jamais souhaité nous arrêter. Nous sommes passés le long de l’île Beata le samedi à 6 heures du matin.


Précisions : Española est la plus grande île des Antilles après Cuba. Actuellement divisée en deux nations : La République Dominicaine (Saint Domingue) à l’Est et Haïti à l’Ouest.
La République Dominicaine est relativement développée et est devenue une des destinations touristiques les plus ouvertes au tourisme de masse sous les tropiques.
Haïti a été le premier pays libre du nouveau monde suite à la révolte des esclaves qui ont chassé les propriétaires exploitants (l’île était à l’époque une colonie française). Ce pays est tristement célèbre pour ses catastrophes à répétition. De dictature corrompue en tremblements de terre et en ouragans, ce pays francophone est désormais l’un des plus pauvres du monde. En  octobre dernier le cyclone Matthiew  ravageait toute la pointe Ouest d’Haïti….et l’extrémité Est de Cuba comme nous le découvrirons plus tard.


Nous avions décidé de nous arrêter à l’île à Vache, au sud de Haïti, en face de la ville des Cayes,  car c’est une des rares communes où les cas de violence n’ont pas encore été recensés. Tout le reste du territoire est fortement déconseillé, et des exemples récents de navigateurs piratés (dont Philippe Poupon) incitent à la prudence. Notamment la côte nord et plus particulièrement les alentours de Jérémie.
Alain Courau, propriétaire et skipper d’Embellie V (voir plus bas),  est allé livrer filets de pêche, voiles usagées et moteurs à Pestel en passant loin de Jérémie et accompagné d’un haïtien comme garde-corps….Pestel est un site magnifique nous racontera-t-il.

L'île à Vache fut un repaire de pirates, tel que l'Anglais Henry Morgan au XVIIe siècleNous lisons avec consternation sur Wikipedia que Michel Martelly – président de la République de Haïti de 2011 à 2016 -  voulait faire de l’île la première destination touristique de la Caraïbe avec la construction d'un aéroport international et d’ une piste de 2,6 km, la construction de l'axe routier qui y mène, le dragage du port, l'électrification et l'éclairage de toute la zone environnante,  la construction de plusieurs hôtels-resorts…Peut-être que cela attirera certains touristes mais sûrement pas les mêmes qu’aujourd’hui !! Et puis pourquoi vouloir faire comme tout le monde ? C’est en conservant/cultivant ses différences et son charme que cette île attirera…

Nous avons donc mouillé le dimanche en début de matinée à Baie Ferret (et le village s’appelle…Cayecoq).
C’est une très jolie anse, avec une langue de terre en son milieu et  bordée sur une partie par de la mangrove (ne pas mouiller trop près à cause des moustiques). Parfaitement abritée, son  fond est de bonne tenue.
Cette anse est surmontée d’un hôtel (dénommé « Port Morgan ») fondé il y a plus de 30 ans par un Français (Didier) qui a ainsi démarré le développement touristique de ce petit bout de terre très privilégié par rapport au reste de ce pays. Notamment grâce à la manne apportée par les voiliers de passage : petits boulots, dons de matériels de pêche, de nourriture etc…


Dès notre arrivée, de petites embarcations creusées dans un tronc d’arbre et prenant souvent l’eau viennent nous proposer leurs services. Ballet quasi-incessant. Les enfants sont particulièrement insistants. Nous donnons du fil de pêche, des cordages, des petits gâteaux…Balade à terre jusqu’à chez Félix qui tient deux chambres d’hôtes et un petit restaurant au bord de l’eau, avec même une petite plage devant sa maison, trois cocotiers et un hamac. Une maison qui a bien résisté à l’ouragan même si Félix est allé se réfugier sur les hauteurs auprès de sa mère qui n’en menait pas large. Pour le remercier de nous avoir donné un accès au Wi-fi, nous lui promettons de venir dîner chez lui. Servi par sa femme, petit repas bon et simple autour de cuisses de poulet. Nous payons en dollars même si  la monnaie officielle du pays est… la Gourde.


Le lendemain, nous décidons d’aller à pied jusqu’au village qui porte le nom amusant de « Madame Bernard ». Nous sommes lundi et c’est jour du marché. Nous n’avons rien à acheter de spécial mais c’est une bonne occasion d’aller à la rencontre de la population.


Balade géniale de 2 heures sur un chemin de terre, sans une voiture, juste quelques motos conduites avec fierté par leur propriétaire, des maisons en bois et certaines avec un toit de chaume. Nous croisons une vache, des poules…et surtout des enfants en uniforme qui vont à l’école ou en reviennent. Nous longeons deux villages installés en bord de plages hélas souillées de pas mal de déchets.  A Soulette la porte de la classe est ouverte et quelqu’un nous incite à entrer. Des enfants de 5 et 6 ans sont à leurs pupitres. La directrice d’école et deux institutrices sont là. Cahiers et leçons au tableau sont en français. Vive la francophonie !!


 


Le marché est très étendu : peu d’étals en hauteur, beaucoup sont à même le sol. Six ou sept types de légumes, des œufs, des cuisses de poulet… 

       

Tous les marchands sont venus en barques à moteur du village des Cayes, sorte de « capitale » de l’île à Vaches située sur l’île principale à 10 kms de là et…ravagée par l’ouragan Matthew.  Retour à notre mouillage en taxi-moto ( à trois sur la moto !).


Lundi 23 janvier après le déjeuner, nous allons au moteur mouiller à l’île Permontois, un simple banc de sable avec quelques arbres, couvert de huttes en branchages où vivent une quarantaine d’habitants-pêcheurs.

 

Nous leur avons offert notre masque de plongée de réserve pour les aider dans leurs chasses aux langoustes et nous avons cédé à leurs propositions en en achetant deux. Cela va paraître ridicule, et a bien fait rire les Haïtiens, mais nous ne nous sentions pas capables de plonger nous-mêmes ces pauvres bêtes vivantes dans la casserole d’eau bouillante. Nous avons donc apporté une casserole pleine d’eau et avons attendu à l’écart de pouvoir récupérer les langoustes prêtes à consommer !

Le soleil s’est couché et nous avons repris notre route sous voiles tout en préparant le dîner.
Nous doublons la pointe Sud-Ouest de Haïti alors que s’installe un temps breton avec du crachin ! Puis le vent revient un peu et ce sera à la voile et sous le soleil que nous franchirons la passe d’entrée de Santiago de Cuba le mercredi 25 janvier vers 9 heures du matin.