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Décembre 2014: de Grenade à Deshaie (Guadeloupe) |
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Les photos sont en ligne...
Départ pour l’île de Grenade, au sud des Caraïbes, le 7 décembre 2014. Marseille - Londres (Gatwick), nuit en chambre d’hôtes, puis Londres - Grenade
par un vol direct de Virgin. Notre dernière escapade sur la
RozAvel date de mars-avril 2014 (Surinam >Tobago >Grenade).
15 jours sur le chantier, à Grenade…la crise de nerfs n’est pas loin
Le samedi 8 décembre, à la tombée de la nuit, nous retrouvons la RozAvel sur le terre-plein de Grenada Marine à St David’s Bay,
moteur démonté au milieu du carré…Nous le savions : le générateur
ONAN, en panne depuis plus de 4 ans malgré sa dernière
« réparation » au Brésil (6 mois en atelier quand même, et
chez le concessionnaire officiel d’ONAN !), commandé il y a trois
mois aux Etats-Unis, n’est toujours pas arrivé !
Premier rappel : le moteur de notre voilier, un bi-quille, est un
peu spécial ; un générateur entraîne deux moteurs électriques qui
font tourner deux hélices, chacune d’entre elles étant située en
arrière de chacune des quilles. Deuxième rappel : la panne a eu
lieu au Sénégal… en décembre 2010 ! Nous avons, depuis, en
novembre 2011, traversé l’Atlantique jusqu’au Brésil (Marina de
Jacaré, près de Joao Pessoa, au nord de Récife), remonté et descendu le
rio du Paraíba où se situe cette Marina, puis navigué de Joao
Pessoa à l’île de Lançois, toujours au Brésil, remonté le rio Surinam
du pays éponyme où La RozAvel est restée de novembre 2013 à mars 2014,
puis, en mars 2014, nous avons redescendu ce rio pour poser six jours
notre ancre à Tobago et , enfin, laisser le voilier sur ce chantier de
l’île de Grenade.

En quittant le bateau en avril 2014 pour rejoindre la France nous nous
étions promis « Croix de bois, croix de fer, si tu mens tu vas en
enfer » que nous ne repartirions plus en mer sans un moteur
réparé ! Nous nous en étions bien sortis jusque-là. Avec les
voiles, bien sûr, et… les moyens du bord. Notamment grâce à un
moteur de l’annexe fixé sur une « chaise » à l’arrière :
mais que peuvent faire 6CV pour faire avancer notre superbe tank de…16
tonnes ! Nous nous sommes fait aussi quelques petites
frayeurs. Un exemple parmi d’autres : les rios sont farcis de
barges non éclairées, d’épaves, de courants… Le pont de
Paramaribo (Surinam) est un peu un cas d’école : il faut du doigté
pour, à la descente, bien passer entre deux piles et virer
tout de suite après, juste avant l’énorme épave qui nous barre la
route et tout cela alors que le rio fait un coude et que le vent
brusquement arrive de face!
Autre exemple : quand, au large du Surinam, nos deux quilles ont
été prises en otage par un énorme filet de pêcheurs alors que le
voilier filait 6 nœuds…Enfin, last but not least, quand on a une petite
tendance à s’échouer doucement sur les bancs de sable – « le
sondeur cela ne sert à rien » dixit
mon adorable skipper – c’est assez agréable de pouvoir s’aider du
moteur plutôt que d’attendre 6 heures que la marée remonte.
Le moteur n’est donc toujours pas là, en revanche, les travaux de
menuiserie nous satisfont : la superbe table en cyprès de Provence
de 5 cm d’épaisseur fabriquée et vernie 10 fois par Christian en
2003, attaquée largement et sur toute son épaisseur par un sale
champignon au Brésil, a été très bien réparée par Eric, un
français. Plusieurs baguettes de finition jamais posées depuis le
départ de la RozAvel d’Hyères en octobre 2008 ont été ajoutées,
l’épontille dévorée par le même champignon a repris sa forme
d’origine…A noter : Grenada Marine exige que les seuls
intervenants sur votre bateau soient ceux du chantier. Il est donc
interdit de faire venir des artisans de l’extérieur.
Nous rentrons le moteur à sa place sous le plancher du cockpit grâce à
son système ingénieux de rails, remettons l’escalier –descente en
place, dînons dans le joli restau-bar tout en bois du chantier- marina,
posé sur la plage de sable blanc bordée de cocotiers …
Dès le lendemain, nous attaquons la phase rituelle « pas
drôle mais indispensable » : nettoyage, tri, rangement…
Mais surtout nous allons nous livrer à une chasse à l’homme et au
matériel laissé au service réparation du chantier en avril. Où
sont nos deux moteurs d’annexe laissés au service réparation ? Et
l’éolienne est-elle réparée ? etc, etc…Ce n’est pas faute d’avoir,
depuis notre départ en avril, relancé une fois par mois au moins, par
mail et même parfois par téléphone, les différents artisans du
chantier, avec copie de temps en temps au « boss » (Jayson)
et à sa cheville ouvrière (Rosetta) !
Nous resterons 15 jours sur ce chantier au lieu des 8 jours
prévus ! Heureusement le chantier occupe le fond d’une très belle
baie, la mer est délicieuse et la connexion Wi-Fi correcte
au bar de la Marina.
Nous passons notre temps à surveiller le « tracking » et à
relancer tout le monde pour récupérer les fameuses pièces (244
kg !). Elles arrivent enfin le jeudi 13 ;
Christian passera deux jours à régler les formalités. Un record
de rapidité et d’efficacité !
Belle soirée avec des Grenadiens, au centre de l’île
Très belle parenthèse durant ce week-end-là : nous louons
une voiture, direction l’intérieur de l’île où nous avons plus ou moins
donné RV à une femme que nous avions croisée à l’aéroport. Elle est
anglaise et partage sa vie avec un grenadien rastafarien. Ils vivent un
peu à Grenade chez les parents de lui, en pleine nature, et le reste du
temps en Grande-Bretagne. Super soirée où nous découvrons :
- la passion des parents pour leur potager,
- un petit bout de la philosophie rastafarienne,
- et un cousin qui vit aux Etats-Unis grand train et essaie d’implanter sur son île une usine de fabrication d’eau minérale…
Nous
les quittons à la nuit noire, heureux de ces échanges loin des sentiers
battus. Echange de mails pour que je leur envoie des photos de notre
rencontre…Retour par Grenville.
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Le moteur…tourne !
Un mécanicien, sans même être piloté par son « boss »
(Stephan), monte les pièces du moteur sous le contrôle sourcilleux de
Christian… Le générateur finit par tourner, entraînant
correctement les deux hélices. Hourra !
La coque est repeinte avec la sous-marine Metagrip (peinture au
zinc), des bandes d’hypalon sont collées sous l’annexe qui fuyait,
l’éolienne refixée…
Le travelift - après s’être embourbé tant il a plu ces dernières
nuits - vient prendre dans son « berceau » de lanières
la RozAvel que nous suivons pas à pas presque religieusement.
Jayson, le patron de la Marina, observe. Il me fait un petit signe de
la main : oubliant ma mission – donner un dernier coup de pinceau
sous les quilles de la RozAvel avant sa mise à l’eau – je vais faire le
point avec lui sur ces 15 jours de chantier. Debriefing musclé !
Sa conclusion : il fait au mieux avec ce dont il dispose à Grenada
comme moyens et compétences et ne remet rien en question.
Ce sont nous, les Français, qui sommes trop exigeants ! |
Cap sur la Guadeloupe…un direct tout à la voile !
Le 20 décembre la RozAvel retrouve donc l’élément liquide
et son capitaine a la joie d’annoncer à tous par mail qu’elle
fonctionne désormais… à la voile et à la vapeur !
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Le
dimanche 21 au matin nous levons les voiles par un bon force 4,
passons la pointe sud-ouest de Grenade et réglons le pilote cap au Nord
par près bon plein direction la Guadeloupe. Mer bien
formée. Le bateau marche bien (entre 6 et 7,8 nœuds), avec deux
ris pour être tranquilles et permettre l’amarinage sans trop de
manœuvres. Malgré cela nous sommes tous les deux malades :
Christian sur notre grande couchette et moi dans le cockpit. La RozAvel
ne s’en soucie guère et trace sa route : 153 miles au cours des
premières 24 heures.
Le lundi après-midi, profitant d’une baisse momentanée du vent et ayant
récupéré son énergie, Christian supprime les deux ris. On
se rapproche alors très vite de la Guadeloupe qu’on atteindra 43h
après avoir appareillé.
Bon score ! A la tombée de la nuit, sous le vent de la côte Est, nous mettons en route le moteur.
Quelques petits soucis avec les commandes un peu oxydées …
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Arrivée « folklorique » en Guadeloupe
Le petit mouillage de l’Anse à la barque a l’avantage de disposer d’un feu à secteur. Ancre jetée à 5h50, juste avant le lever du jour !
Dodo. Réveil brutal à 8H10 par la VHF avec son bulletin météo.
Je saute du lit et j’entends «Appel à tous, appel à
tous,… grosses vagues, grosses vagues ». Il y a eu un séisme
échelle 5 quelques jours avant me dit notre voisin de mouillage qui ne
semble nullement étonné... Je suggère à Christian de lever l’ancre pour
s’éloigner du bord. Au bout de quelques minutes le doute me
taraude car la VHF s’est tue…Je comprendrai plus tard : j’ai
entendu « Grosses vagues, grosses vagues » alors que
la VHF grésillait « Cross AG, Cross AG (Antilles-Guyane) »).
C’est la première fois que je navigue aux Antilles et suis, sur
certains points, une béotienne ! L’histoire fera bien rire tout le
monde et notamment Damien, le fils de Christian !

Nous avons trouvé un nouveau mouillage un peu plus au nord, superbe et déserte : l’anse à Colas.
Nous appelons Damien and Co…qui habitent en Guadeloupe depuis deux ans
et demi, lui étant enseignant et Christelle psychologue scolaire après
une formation en métropole.
Damien nous fait la surprise d’arriver à bord en se hissant par la
chaîne d’ancre. Petit tour avec palmes, masques et tuba (PMT)
au-dessus des jolis fonds de la réserve naturelle fondée par
Cousteau.
Christian raccompagne Damien et récupère Mahé qui a envie de se
retrouver toute seule avec nous sur le bateau. Mahé (6 ans et deux
mois) nage bien et saute sans aucune appréhension du bateau.
Nous laissons là la RozAvel et rejoignons en voiture leur
jolie maison dotée d’une varangue avec une vue superbe, située sur la
commune de Deshaies.
La RozAvel au mouillage, une belle semaine familiale à terre
Le lendemain, 24 décembre, Christian et Damien, par un fort près serré, remontent la RozAvel jusqu’à la baie de Deshaies
où elle restera mouillée plusieurs jours nous servant de lieu de
couchage. Le soir nous avons accueilli à l’aéroport Eloïse (ma
fille) et une de ses amies, Aurelia, avant de réveillonner tous
ensemble, y compris avec Anne-Marie, la maman de Christelle. Cinq
jours à terre avec de belles balades, de longues baignades et du bon
temps familial. Mahé (6 ans et deux mois) nage bien et saute sans
aucune appréhension du bateau.

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