VOYAGE AUTOUR DU MONDE DE LA "ROZAVEL" - E-MAIL: christian.mallemont@wanadoo.fr
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Mars-Avril 2014: du Suriname à Tobago puis Grenade

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Les photos sont en ligne...

Le 14 mars 2014, départ de l’aéroport d’Hyères, direction Paris puis Cayenne. Nous arrivons au dernier moment à l’aéroport. Pour tout arranger, Christian n’a pas son vaccin anti-fièvre jaune, indispensable pour la Guyane (où nous ferons un passage éclair) ! Nous avons bien failli rester sur le tarmac. Air France accepte au tout dernier moment de dissocier nos billets et nous laisse aller jusqu’à Paris. Tout le monde nous attend dans l’avion ! A Orly Christian se fait vacciner en urgence et nous pouvons ainsi nous envoler pour Cayenne. Près de trois heures de taxi jusqu’à St Laurent-du-Maroni où nous retrouvons notre hôtel « La Tentiaire » avec vue sur la piscine… Il fait nuit. Petite balade pour trouver une pizzeria et dodo. Le lendemain matin : petit-déjeuner bien agréable et piscine. Pirogue sur le St Laurent et re-taxi collectif jusqu’à Paramaribo, capitale du Surinam.

Nous arrivons enfin à la Marina dans l’adorable village de Dumbourg. La RozAvel nous attend tranquillement amarrée à son corps mort sur la Suriname River. Huibert, le patron de la Marina, nous pose à bord avec sa vedette. A l’intérieur, beaucoup moins de moisissures que je ne l’imaginais mais…batteries à plat. Le lazy-bag a été (bien) refait mais le générateur d’appoint est définitivement mort. Nous resterons 4 jours au Surinam pour résoudre ces problèmes de logistique : une balade à pied quand même aux alentours de Dumbourg, une autre dans Paramaribo avec le parc aux palmiers géants, la visite du Fort Zeelandia (1667), et celle du jardin avec échiquier géant d’un hôtel de luxe.  Puis un gros avitaillement qui nous a définitivement fâchés avec les Chinois qui, ici, monopolisent absolument tous les supermarchés, petits ou grands.

Départ le 21 mars
à 11h, heure locale, à la voile aidée du moteur d’annexe fixé à l’arrière.


Direction : Tobago.
Rappel : le moteur du voilier ne fonctionne… toujours pas et cela depuis… décembre 2010 malgré les « réparations » sénégalaises et brésiliennes !
Descente de la rivière, marée descendante, en suivant le plus souvent le chenal où passent parfois de gros navires. Après le pont, le vent est de face !! Nous évitons de justesse l’énorme épave après notre premier et unique manque à virer. Sueurs froides !
Les rives sont superbes… et c’est de nouveau l’Atlantique. Un peu plus de trois jours et demi pour arriver à Tobago. Les deux  premiers jours nous sommes tous les deux malades. Nuit très longue et inconfortable. Je vomis violemment (j’avais choisi de ne prendre aucun médicament. Mauvais choix !). Le nouveau générateur fonctionne bien mais envoie des gaz nauséabonds dans le cockpit. Pas génial pour les nausées ! Vitesse de la RozAvel : entre 5,8 et 6,6 nœuds.

Après avoir largement débordé les îlots au nord de Tobago (London Bridge Rock, St Giles and Melville Islands…), mardi 25 mars, à 3h du matin, heure locale, nous mouillons à Charlotteville, par plus de 20m de fond, après avoir tiré des bords au près par un vent très faible et une nuit noire. Des lumières nous ont longtemps intrigués, nous pensions que c’était celles d’un gigantesque paquebot de croisière, ce n’étaient que celles de maisons perchées sur la colline.


Au matin, c’est l’émerveillement : adorable baie avec un village coloré à taille humaine, sans béton ou presque, et des tas de barques de pêcheurs. Des oiseaux par centaines, une très jolie plage sur notre gauche (Pirates bay), et un gros rocher (Booby Island) planté sur la droite. Nous sommes enfin sur une charmante île tropicale!
Papiers faits à la vitesse grand V et avec de grands sourires. Nous repartons même avec l’adresse de la dame qui cuisine des plats à emporter dans une minuscule case. Nous savourons notre déjeuner à l’ombre sur la plage. Enfin « cools »… !! Cela ne durera que quelques minutes : la RozAvel dérape ; pressés d’aller faire nos papiers nous n’avions pas rajouté de chaîne malgré la profondeur. Notre voilier est au milieu de la baie. Les pagaies de l’annexe ne suffisent pas : un pêcheur nous dépose à bord. Les ennuis recommencent : impossible de remonter au vent avec le seul moteur de l’annexe. Au bout d’une heure, le même pêcheur a pitié de nous et nous rapproche du sable et du ponton en bois!

Nous resterons six jours mouillés à Charlotteville. Nous rêvons d’aller découvrir les autres ravissants mouillages de cette côte Nord, mais sans moteur, c’est trop risqué. Nous choisissons de faire du stop toute une journée :  après un Papa qui ramène sa fille de l’école et habite une petite maison en bois isolée à l’Anse fourmi, nous tombons sur une voiture qui contrôle les pompes de relevage tout le long de la côte. Comme ils ont un uniforme, nous les prenons pour des policiers. Un homme et une femme adorables qui nous arrêteront à chaque petite baie et/ou plage, entre deux contrôles. La première : Bloody Bay (arrêt, balade, photos et discussion avec la jeune fille chargée de l’accueil). Puis Parlétuvier Bay que nous admirerons d’un café qui la domine et enfin Englishman’s bay. C’est la plus jolie : totalement sauvage hormis une petite casemate en bois qui laisse voler des paréos au vent. Nous n’avons pas assez d’argent pour acheter de quoi déjeuner. Bain dans les vagues, puis refuge sous un carbet durant les ondées. Une famille venue avec chauffeur partage le carbet avec nous. Une très jeune fille se balance tout en lisant sa tablette. Surréaliste ! Nous nous éloignons pour nous allonger tranquillement sur le sable, la tête à l’abri des cocotiers.


Reprise du stop : des  pêcheurs  venant de Charlotteville vont retrouver des copains à Castara. Ils nous posent à l’extrême-ouest du village. C’est là où tous les pêcheurs du coin  se retrouvent : un barbecue de poissons frais se prépare !
Nous allons visiter le reste du village : il est nettement plus habité que les précédents. Heureusement ce sont essentiellement des petites maisons en bois colorées accrochées sur la colline. Barques retournées sur la plage. Forte ondée : on se réfugie sous un abri bus. Sortie d’argent au distributeur : nous achetons tomates et fruits (bananes et ananas).
Il faut songer à rentrer. Il est 17h environ et nous sommes loin de notre mouillage. Un habitant nous aborde et essaie de nous faire payer un peu cher pour nous emmener. Nous marchons… Finalement un propriétaire de troupeaux de vaches nous prend. Il est temps : il pleuvine et la nuit tombe. Il s’arrête pour faire tourner à 180° un de ses  troupeaux croisés sur la route direction bercail puis nous accompagne jusqu’à Charlotteville. Merci !!
Un soir nous irons à un  petit restau au bord de la plage manger du poisson bien sûr, deux fois nous marcherons vers Pirates bay en admirant le potager de  « Charlotte »(j’ai oublié son prénom !) et une superbe maison en bois qui semble toute neuve.
Grâce à Muriel et Dominique – sur Amaëgo, une goëlette à deux mats….de même hauteur (un Trirème 50 qui avait servi de modèle à la première Roz Avel )  – nous ferons en effet la connaissance de « Charlotte », 65 ans environ, toute menue et gaillarde. Elle nous racontera très vite qu’elle a eu 11 enfants – dont 3 adoptés au moins –, qu’ils vivent tous au Canada qu’elle a quitté il y a quelques mois « puisqu’ils sont grands maintenant et heureux » et qu’elle voulait revenir là où elle est née. Elle s’est débarrassée de son mari qui buvait – « un mauvais exemple pour les enfants ». Son rêve : faire de l’agriculture bio et vendre sa production ici à Tobago. Dominique et Muriel l’ont aidée à améliorer son potager. 


Un soir, nous passerons deux heures avec le leader de l’association de pêcheurs (AFTA) qui s’oppose à la recherche de pétrole par Bhp Billiton. Depuis 2008, différentes compagnies ont fait des recherches, les amadouant en les dédommageant assez largement ( exemple : 8560 dollars TT par pêcheur durant les trois mois de recherche accordés à la compagnie Centrica). Pour info, il y a 330 pêcheurs sur toute l’île dont 70 à Charlotteville.
Aujourd’hui l’association négocie pied à pied. Mais il est clair que si la somme proposée est suffisamment rondelette, ils remiseront leur barque…

Un autre soir,  nous irons prendre un pot et écouter de la musique tout au bout du village avec Muriel, Dominique et l’inénarrable « Al Pacino ».
Nous croiserons un couple de hollandais et ferons la connaissance de Dominique et Xavier, propriétaires d’un Super Maramu, « Matmat », qu’ils ont acheté d’occasion (c’est l’ancien « Caramail ») et dont ils sont ravis. Nous prenons un pot à bord, la veille de notre départ : ils nous racontent qu’ils ont reçu la foudre sur l’Amazone et que l’électricité du bateau a beaucoup souffert, toute l’électronique est HS, y compris le pilote (eux n’ont rien eu, heureusement). Le constructeur Amel leur a très vite envoyé un réparateur mais ils doivent aller au Marin, en Martinique, pour terminer les réparations.  Après ce pot, nous allons embrasser l’équipage d’Amaëgo. Il fait nuit depuis longtemps.

Nous appareillons à 20h30 heure locale, sous voile évidemment. Direction Grenade. Coup de corne de brume d’Amaëgo. Vent faible au départ. Treize heures après et une traversée « cool » nous arrivons dans la baie de St David dans le sud de Grenade, par un bon vent. Rochers un peu agressifs à l’entrée et passe relativement étroite. Puis c’est le calme et les eaux turquoise. Agréable surprise que de trouver un chantier dans pareil cadre ! Mouillons, gonflons l’annexe. Notre mail a été bien été reçu et « Grenada Marine » nous attendait !! RozAvel est hissée à terre, sans encombre.

Un coup de karcher sur sa coque et la voilà à l’abri pour quelques mois.
Nous passerons cinq jours à Grenade : liste précise des travaux à faire sur la RozAvel, rencontre avec les différents artisans du chantier – dont deux Français (l’électronicien et le menuisier) -, rencontre avec d’autres équipages dont plusieurs Canadiens, balade sur le « resort de luxe» à l’abandon qui jouxte le chantier. Explication : la propriétaire est morte brutalement il y a un peu plus de deux ans et tout s’est arrêté ! La vitesse avec laquelle les bâtiments se dégradent sous les Tropiques est hallucinante.
Une fin d’après-midi nous sautons dans un bus et allons passer la soirée à St George’s, capitale de Grenade. Grenade est indépendante mais reste membre du Commonwealth depuis 1974.  Le premier ministre Eric Gary attire les capitaux et lance un vaste programme immobilier et touristique. Autoritarisme et malversations entraînent son renversement en 1979 par les progressistes. Leur leader, Maurice Bishop, qui s’était entouré de conseillers cubains , prend le pouvoir mais est bientôt assassiné…En 1983, les USA interviennent. Peu à peu la paix revient. Mais les plaisanciers mettront du temps à reprendre confiance… Jacques Patuelli écrit dans son « Guide des Antilles » : « Grenade possède tous les atouts pour redevenir une île privilégiée par la plaisance [ ]. St George’s est l’un des plus beaux ports des Caraïbes ».
Deux anses : « the Lagoon » et « the Carenage ». Nous longeons les quais… beaux bâtiments bien éclairés. Soudain de la musique jaillit de l’un d’entre eux. Nous entrons : un orchestre bicolore, une cour. Nous nous asseyons pour écouter puis irons occuper la seule table du mini-restaurant (« Museum Bistro ») qui donne sur cette même cour. Le propriétaire - absent - est vénézuélien. Très bon contact avec le cuisinier et le serveur : délicieux moment, agréable repas rythmé par l’orchestre…

Pas de vol direct : il nous faudra faire plusieurs sauts de puce en avion pour rejoindre la Guadeloupe où nous allons retrouver durant deux jours Damien, dans leur jolie maison avec vue située à Deshaies. Avant de quitter l’île nous allons déjeuner avec nos amis Alain et Colette qui sont au quai de la Marina pour de longues semaines de travaux. Ils n’en repartiront finalement que…le 1er septembre.
Pour nous, retour à Paris le 8 avril en tongs et en bermuda.

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